Autres lumières

Autres lumières

La photographie fut assurée de sa popularité à la fin des années 1880 par l’utilisation intensive du " gélatino-bromure d'argent " sur plaque de verre sèche : la prise de vue fut grandement facilitée, la réalité reproduite sans difficulté, et la conservation de l’image simplifiée. Elle suscita alors une réaction, un nouvel élan de recherche pour explorer d’autres possibilités de création, de restitution de la lumière, et quitter ce mode de " copie conforme ".

De riches et érudits photographes amateurs (" amateurs " entendu par " qui ne vivaient pas du travail de la photographie " mais qui pouvaient en posséder tous les " érudiments " * ) s’ennuyant du principe de reproduction de réalité de la photographie argentique, étudièrent les processus inventés par Alphonse Poitvevin comme la photographie inaltérable dite " au charbon " (1855), pour les modifier légèrement et aborder ainsi la gomme bichromatée : procédé à base de gomme arabique et de pigments de couleurs (matière de l’aquarelle) pour en reproduire par son insolubilisation des clichés négatifs effectués par photographie.
Il en fut de même pour les procédés dits " d'impression aux encres grasses en couleur " toujours initiés par Alphonse Poitevin (1855) qui, adaptés par les soins de ces nouveaux artistes de la fin du XIXème siècle, devinrent le Bromoïl, le report à l’huile et d’autres procédés dérivés à " l’huile " (1904).
Nous étions dans la période économique faste de la Belle Époque, en pleine sensibilité artistique florale et aux lignes en forme de volutes étirées de l’Art Nouveau, le Pointillisme (ou néo-impressionnisme) s’imposait et disputait sa place à la peinture plus traditionnelle (et qui avait pourtant quitté le champ de la représentation fidèle), et ces nouveaux photographes, cultivés et nantis d’un bien-être financier, reprochant à la photographie sa trop grande capacité à reproduire le réel, inventaient le Pictorialisme.

Vous trouverez dans cette galerie des tirages que j’ai effectué en gomme bichromatée, et en cyanotype (procédé découvert en 1842 par John Frederick William Herschel, dont le mélange de chimies précises, après insolation, lors de son passage dans l’eau se transforme en un beau bleu permanent de couleur cyan). Il permet des tirages directs, voir aussi le report d’une photographie sur un vieux papier de missel de 1810 environ. Ils sont réalisé à partir de photographies dont vous pourrez, pour certaines, retrouver des tirages en noir et blanc dans ces galeries. En les comparant, vous pourrez appréciez combien la photographie traditionnelle est riche de sensibilité et d’histoires visuelles qui parlent à notre émotion, qu’elle soit en noir et blanc ou en procédés anciens.

Par ailleurs cette pratique n’est pas restée confidentielle, puisque je suis intervenu lors de stages en associations photographiques, ou de communication de ces procédés à des étudiants dans des Ecoles d’Arts (anciennement Ecoles des Beaux-Arts) dans le cadre d’ateliers d’impressions d’images pour livres d’Artistes (livres à petits tirages). Cette activité est d’ailleurs toujours d’actualité.

Pour déroger au principe de ne présenter que de quatre à six photos par thème, j’ai pris la décision, sans vous consulter, de vous montrer plus de tirages.

Je vous en souhaite bonne découverte.

Hubert Didona

octobre 2012

* érudiments : néologisme créé par l’auteur pour exprimer le principe de connaissance approfondie des bases acquises.

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Proposition : ce lien d’un des pères fondateurs de la photographie non argentique http://fr.wikipedia.org/wiki/Alphonse_Poitevin

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